Le cannibalisme chez les animaux est plus courant que ce l’on pense
DES PARENTS INDIFFÉRENTS
De
nombreuses espèces mangent leurs petits, généralement quand ils sont
malades, difformes, ou nés dans des conditions où la mère ne peut
produire de lait ou satisfaire leurs besoins en nourriture. Si un bébé
meurt ou est incapable de survivre, son corps peut constituer une
importante source de nutriments pour le parent. C’est ce que l’on
appelle le cannibalisme filial.
Les espèces qui adoptent ce
comportement sont le léopard, le lion d’Afrique, le macaque de Tonkean
ainsi que de nombreuses espèces de poissons.
Ce type de cannibalisme peut avoir lieu encore plus tôt, alors que les œufs n’ont pas encore éclos. Si vous êtes une morue et que vous pondez cinq millions d’œufs, vous aurez juste là sous vous yeux une source de nourriture non-menaçante et nutritive manger ses propres œufs est simple, nourrissant et ne requiert que peu d'efforts.
RIVALITÉ FRATERNELLE
Chez d’autres espèces, les mâles tuent les petits dont ils ne sont pas le père : on parle d’infanticide. Chez l’écureuil roux américain,
par exemple, les mâles tuent et mangent les petits qui ne sont pas les
leurs ou dont la paternité est incertaine, ce qui a pour effet de
provoquer le retour des chaleurs de la femelle, qui devient vite prête à
s’accoupler de nouveau. Le mâle peut ensuite faire en sorte qu’elle ne
s’accouple pas avec des concurrents, s’assurant ainsi que les petits
seront bien les siens. Des cas d’infanticide ont également été observés
chez les lions et les chimpanzés.
Chez d’autres espèces, les frères et sœurs s’entretuent pour avoir une chance de vivre. L’on sait par exemple que les crapauds pondent
leurs œufs dans des étangs, lesquels s’assèchent rapidement. Pour
contrer cela, certains têtards développent de plus grosses têtes, des
bouches plus larges et des dents plus pointues que leurs frères et sœurs
omnivores. Ces cannibales métamorphosés mangent ensuite leurs
semblables, ce qui les aide à atteindre plus vite la maturité.
Cependant, certaines espèces n’attendent pas de naître avant de commencer à manger leurs frères et sœurs.
Les requins femelles
portent des centaines d'œufs dans leurs deux utérus. Elles s’accouplent
avec plusieurs mâles et portent une progéniture issue de pères
différents. Dans le ventre maternel, les embryons de requins mangent les
œufs non fécondés restants pour ensuite s’attaquer aux autres embryons,
un comportement que l’on appelle cannibalisme intra-utérin. Il ne doit
rester que deux bébés requins, un dans chaque utérus.
C’est ce qui en fait, en d’autres termes, des chasseurs nés.
MOURIR POUR SURVIVRE
Les araignées pratiquent une autre forme de cannibalisme : la matriphagie, où les nouveau-nés mangent leur mère.
Dans un dernier élan maternel, les mères araignées de
la famille des Eresidae dissolvent leurs propres organes et les
vomissent afin qu’il servent de pitance à leur progéniture, qui finira
par se régaler de leur corps entier.
Les derniers organes à se
liquéfier sont le cœur et les ovaires : un garde-fou lui permettant de
s'accoupler et de se liquéfier à nouveau dans le cas où un mâle araignée mangerait la progéniture a qui est destiné ce sacrifice.
De
nombreux géniteurs d'insectes et d'arachnides ne verront jamais leur
progéniture. Dans un acte de cannibalisme sexuel, les femelles
consomment tout ou partie de leur partenaire pendant ou après
l’accouplement.
Les veuves noires à
dos rouge mâles sont souvent dévorées par les femelles, plus grosses et
plus matures. Certains se contorsionnent même de sorte à s’empaler sur
les crocs de la femelle : le mâle sert alors non seulement de repas sain
pour la mère en devenir, mais augmente aussi les chances de survie de
la progéniture qu’il aura engendrée.
Les femelles crickets de
l’espèce Cyphoderris strepitans, ne sont pas moins voraces : elles
mordent les ailes postérieures des mâles lors de l’accouplement et
boivent leur sang riche en nutriments que l’on appelle hémolymphe. Ceci a
pour objectif d’empêcher que le mâle ne s’accouple avec une autre
femelle.
(À voir : le scorpion, redoutable chasseur... et cannibale)
La
célèbre mante religieuse arrache la tête du mâle avant même le début de
l’accouplement. Ce à quoi les mâles se sont adaptés : même décapité, un
mâle peut féconder une femelle car ses mouvements sexuels sont
contrôlés par des tissus situés dans l’abdomen. Le sacrifice du mâle
contribue à la bonne santé de la femelle et de leur progéniture.
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